Les révoltes et les transitions qui se sont produites en Afrique du nord et au Moyen-Orient en 2010-2011 ont, de toute évidence, surpris la plupart des observateurs, des journalistes et des spécialistes. On a pu assister, depuis, à la profusion de grilles de lecture suivies de pronostics plus ou moins approximatifs, qui ont remis sur le tapis la nécessité de mieux appréhender la sociologie politique comparée de cette région du monde. Le séminaire propose un retour réflexif sur les événements protestataires et les périodes de transition que ces événements ont contribué à ouvrir en tentant de répondre à une série de questions à la fois théoriques et méthodologiques telles que : Comment expliquer et comment comprendre l’avènement d’une situation révolutionnaire ? Comment penser différemment le changement politique et les processus de transition ? Quelle est la place de l’État, et notamment de l’État-providence, dans ces processus ? En d’autres termes, il s’agira de penser le temps long et le temps court de manière à redonner toute leur épaisseur aux situations présentes, avec ce qu’elles supposent de rupture, de (re)compositions et de (re)aménagements mais également parfois de maintien aussi bien des pactes politiques que des modes de régulation des sociétés.
À partir d’une analyse comparée des situations tunisienne et égyptienne depuis 2011, on proposera de revenir sur quelques-unes des grandes thématiques par lesquelles est pensée la région en science politique, en offrant une perspective sociologique. Cela nous amènera à reconstruire les voies par lesquelles se constituent progressivement des espaces de lutte, s’élaborent des modes d’action, mais aussi se pensent et se déroulent les transitions. Loin d’être le lieu de transmission d’un savoir fini et définitif, le séminaire se veut un atelier de recherche à proprement parler dans lequel seront éprouvées les approches théoriques et les options méthodologiques les plus appropriées à l’étude des événements toujours en cours.
- Enseignant éditeur: Boutaleb Assia