Le séminaire souhaite initier les étudiants aux analyses de sciences sociales s’intéressant au développement. Sa vocation est d’approfondir la connaissance des sociétés non occidentales, afin de débusquer les idées reçues véhiculées par le discours commun sur les « pays en développement ». Elle est aussi d’engager une réflexion sur les rapports Nord-Sud (i.e. entre pays riches et pauvres) dans le domaine particulier des politiques de développement mises en place dès le lendemain de la décolonisation. Le séminaire s’intéressera 1. aux vulnérabilités, aux défis et aux atouts des sociétés qui vivent dans la pauvreté et continuent de subir des retards de développement humain, 2. aux effets des politiques et des stratégies des pays bailleurs de l’aide, ou encore 3. aux effets provoqués par des phénomènes mondiaux qui ne sont pas – ou mal – contrôlés dans le cadre des politiques d’aide (transformations des marchés, conflits régionaux, trafics et criminalité, migrations transnationales…).
Il s’agit de l’unique séminaire du M2 s’intéressant aux résultats de la recherche. Nous y aborderons des problèmes concrets et généraux des sociétés sous l’angle analytique des sciences sociales, et non dans la perspective pratique offert par les enseignements spécialisés ou techniques du M2. Sa vocation est de permettre aux étudiants de construire une réflexion distanciée, critique et conceptualisée. Il vise à leur donner une compréhension générale du développement des sociétés qui sorte des visions techniques et juridiques véhiculées par l’expertise, et renforce le regard critique sur les idées conventionnelles, souvent occidentalocentrées, portées par les institutions et par les bailleurs internationaux. Comme on le verra, il n’y a pas de connaissance scientifique définitive, établie et incontestable : il y a en revanche des points de vue théoriques en concurrence dans le monde des sciences sociales. Nous nous interrogerons sur les forces et sur les limites de ces différents courants des sciences sociales.
L’un des objectifs est :
1. de montrer la très grande diversité des formes d’organisation sociale ou politique des pays destinataires de l’aide.
- de montrer la difficulté à penser les systèmes sociopolitiques exclusivement avec des catégories de pensée forgées dans le contexte des universités et des administrations des pays de tradition européenne.
Le séminaire ne se limitera donc pas aux études centrées particulièrement sur les politiques d’aide au développement. Il adoptera une perspective plus large, afin d’étudier les enjeux sociaux, politiques et institutionnels des sociétés du Sud.
Cette année, nous concentrerons la réflexion sur les analyses en sciences sociales qui abordent
- La formation des systèmes politiques non occidentaux (État, régimes, démocratie),
- Les enjeux de l’action publique et des réformes institutionnelles dans les pays à ressources limitées (politiques publiques, administration et gouvernance),
- Le rôle des populations (participation, inclusions et exclusions, mobilisations, dynamiques protestataires),
- Les situations de crise, les questions de paix et de sécurité.
Nous aborderons ainsi une grande diversité d’objets : les paradigmes dans la pensée sur le développement, la question de la formation et du fonctionnement de l’État bureaucratique, les transitions politiques et la démocratisation, les dynamiques de conflit, les protestations sociales nationales et transnationales, le rôle des institutions de l’aide internationale, la fabrique des savoirs du développement.
Ces thèmes seront l’occasion d’étudier la pertinence des concepts proposés par les sciences sociales du politique. Nous aborderons également différentes entrées méthodologiques pour s’engager dans l’étude des pratiques du développement.
Déroulement du séminaire : après une séance 1 d’introduction (3h) et une séance 2 consacrée aux « théories du développement » (3h), les séances 3 à 14 (durée 1h25) donneront la priorité à la discussion scientifique, comme dans les colloques et journées d’étude. A partir de la séance 3, les groupes d’étudiants feront à tour de rôle une présentation du thème du jour (30 mn), suivie d’une intervention courte d’un « discutant » (5 mn), et d’un débat structuré par la présentation de l’enseignant du séminaire (50 mn).
Organisation du séminaire : 24h = 14 séances, soit :
- 3h : 1 séance d’introduction
- 3h : 1 séance de réflexion sur les théories de la modernisation politique
- 18h : 12 séances de 1h25 (groupes de 3 exposants)
- Enseignant éditeur: Nay Olivier